Lettre ouverte du journaliste Cheikh Tidiane Kandé au président Diomaye Faye

Lettre ouverte au Président Bassirou Diomaye Faye
Monsieur le Président,
Il arrive des moments dans la vie d’une Nation où le chef de l’État doit choisir entre préserver des amitiés politiques ou protéger la République. Aujourd’hui, le Sénégal traverse exactement ce moment. Et il ne souffre ni hésitation, ni équivoque.
Votre Premier ministre, Ousmane Sonko, multiplie les actes de défi :
– vous accuser de manquer de courage,
– critiquer votre détermination devant un autre chef d’État,
– laisser ses partisans contester votre légitimité,
– refuser de contresigner un décret,
– attaquer nos partenaires économiques,
– propager une polémique destructrice sur une prétendue dette cachée.
Un Premier ministre qui défie son Président devient immédiatement un foyer d’instabilité.
Un Premier ministre qui se pense déjà Président devient un risque.
Un Premier ministre qui veut votre démission n’est plus votre collaborateur : il est votre rival.
L’histoire mondiale est claire et impitoyable.
Lorsque le général Charles de Gaulle sentit que Michel Debré devenait un contre-pouvoir trop autonome, il l’a remplacé sans trembler.
Lorsque Margaret Thatcher fut menacée par les ambitions de ministres trop bruyants, elle les a écartés pour préserver son autorité.
Aux États-Unis, plusieurs présidents — de Harry Truman à Barack Obama — ont renvoyé secrétaires d’État ou de la Défense dès que la loyauté institutionnelle n’était plus garantie.
En Afrique, des dirigeants comme Nelson Mandela ou John Magufuli n’ont jamais toléré que leur numéro deux installe une co-direction de facto de l’État.
Partout, la logique est la même :
un chef de l’État ne partage jamais son autorité.
Et lorsqu’il hésite, l’État vacille.
Le Sénégal n’a pas besoin d’une dyarchie.
Le Sénégal n’a pas besoin d’un Premier ministre en campagne permanente.
Le Sénégal n’a pas besoin de deux lignes politiques.
La crise actuelle n’est plus interne : elle frappe déjà la confiance des investisseurs, inquiète nos partenaires internationaux et crée un brouillard dangereux autour de notre trajectoire économique.
Monsieur le Président, votre mission n’est pas de composer avec la défiance, mais de la neutraliser.
Votre mission n’est pas de subir, mais de gouverner.
Votre mission n’est pas de laisser grandir un rival dans votre propre maison, mais de protéger l’État contre toute menace, même lorsqu’elle se trouve à vos côtés.
Alors il faut trancher. Maintenant.
Parce que gouverner, c’est choisir.
Parce que le Sénégal n’a qu’un seul Président.
Parce qu’aucune République ne survit lorsqu’un numéro deux se prend pour le numéro un.
Monsieur le Président, l’histoire n’attend pas.
Le pays non plus.
Il est temps d’exercer pleinement l’autorité que vous a confiée le peuple sénégalais.
Il est temps de vous séparer de ceux qui vous défient et affaiblissent la Nation.
Il est temps de rétablir l’ordre, la cohérence et la crédibilité de l’État.
Le Sénégal mérite un Président qui gouverne.
Pas un Président qui endure.
Par Cheikh Tidiane Kande


