Justice

Sénégal : La CENTIF rebat les cartes et serre l’étau autour du cabinet Lazareff le Bars

Le dossier Promo Consulting risque de refaire surface après même la liberté provisoire accordée à son PDG, le sénégalais Mbagnick Diop. Le mystère qui entoure le cabinet français Lazareff Le Bars dans des transactions » suspectes » qui ruissellent sur la place dakaroise va relancer iirréversiblement la machine judiciaire ces prochains jours selon des informations exclusives obtenues par Confidentiel Afrique

La CENTIF n’entend pas dormir sur ses lauriers et compte poursuivre ses recherches jusqu’à débusquer la vraie nature des transactions opérées via des canaux entre le cabinet français Lazareff Le Bars- MEDS et l’établissement « éventuel » de délits financiers. Selon des informations crédibles exclusives parvenues à Confidentiel Afrique, le dossier Lazareff- MDES risque de se corser en prenant une nouvelle tournure.

Lazareff Le Bars dans l’étau de Tracfin et de la Centif et devra les prochains jours expliquer la nature et le fond des tractations d’environ 8 milliards de francs dont la dernière opération a eu lieu le jour même de la prestation de serment du Président Diomaye Faye successeur de Macky Sall au Sénégal

L’affaire Mbagnick Diop de Promo Consulting n’est qu’a son début et pourra souffler plus loin au-delà de Dakar dans les entourages concentriques du pouvoir de l’ancien Président Macky Sall jusque sur la fameuse Place Vendôme à Paris (1er arrondissement) où se trouve le cabinet Lazareff Le Bars, perçu comme “un acteur clé des grands dossiers africains, sous le sceau de la confidentialité”

Mbagnick Diop, en tout cas c’est lui qui le dit a en croire nos confrères de Libération, “aurait un contrat d’apporteur d’affaires via Promo consulting et Lazareff” qui lui vaudrait des honoraires de 20% du montant pour chaque contrat « facilité ». C’est dans ce sens que Lazareff lui aurait fait un virement de 700 millions de Fcfa sur un chèque de l’agence judiciaire de l’État. Mais, selon des informations exclusives obtenues par Confidentiel Afrique, le patron du MEDES (Mouvement des Entreprises sénégalaises) est loin de se tirer d’affaires. Les autorités dakaroises en charge du dossier cherchent à comprendre comment un cabinet de la dimension de Lazareff spécialisé dans le conseil et l’arbitrage fiscal international peut verser des montants importants à une agence de consulting et de promotion événementielle ? A Paris où est établi le cabinet Lazareff Le Bars sis à la place huppée Vendôme

Pour la petite histoire, l’Agent Judiciaire de l’État s’est adjoint les services du cabinet parisien Lazareff Le Bars comme conseil attitré depuis des années notamment. D’ailleurs, dans le contentieux entre l’État du Sénégal et la société Électricité du Rip (EDR), filiale d’Enco appartenant à Serigne Abdou Sy Al Makhtoum, le cabinet Lazareff n’a pu empêcher que les demandes de son client, l’Etat du Sénégal, ne soient rejetées par la Chambre de commerce internationale du Tribunal de Paris. Un revers qui a permis de poursuivre la procédure initiée depuis 2021 pour rupture unilatérale de contrat de la part de l’État du Sénégal. La presse avait reproché à l’agent judiciaire de l’époque le fait que les autorités semblaient davantage préoccupées par la sécurisation des honoraires d’avocats que par le fond du contentieux.

Avec l’arrivée de Bassirou Diomaye Faye, on procéda à un grand coup de balai. Le magistrat Amadou Mbaye Guissé a été nommé Agent Judiciaire de l’Etat en remplacement de Yoro Moussa Diallo.

Le cabinet d’avocats parisien Lazareff Le Bars, intervenant dans les dossiers économiques et juridiques stratégiques sur le continent africain et qui s’est spécialisé en arbitrage international et en contentieux des affaires en développant “une expertise particulièrement dans l’espace de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA)” a donc été remercié à la suite de ses défaites perlées.

Au regard de la nature confidentielle de la plupart de ses interventions, on peut difficilement dessiner les contours de son implication sur le continent. Tout de même, une source bien introduite dans les arbitrages sur la place parisienne informe que “au cœur de l’activité africaine de Lazareff Le Bars se trouve des litiges complexes à forts enjeux que ce soit en tant que conseil de parties ou par la nomination de ses avocats, notamment son associé fondateur Benoît Le Bars, comme arbitres.”

Lazareff Le Bars aphone, malgré nos sollicitations

Sur place dans la capitale parisienne, les reporters de Confidentiel Afrique se sont rapprochés du cabinet pour en avoir le coeur net. Nos multiples messages écrits et appels téléphoniques au cabinet et adressés directement à Me Le Bars, lui-même, sont restés lettre morte. Fuite en avant des dirigeants de Lazareff Le Bars ou instruction de ne pas s’épancher sur les dossiers » chauds » version sénégalaise? L’entreprise familiale française qui s’est ouverte progressivement au recrutement de « grosses tëtes » a su développer en un temps record sous le rêgne du régime Macky SALL un business florissant. Les « grands dossiers » spécifiques du cabinet Lazareff Le Bars en Afrique restent largement confidentiels. Son positionnement et sa réputation témoignent de son rôle de premier plan dans l’accompagnement juridique des acteurs économiques majeurs du continent, principalement dans le cadre de litiges complexes et d’arbitrages internationaux touchant aux secteurs les plus stratégiques comme l’énergie et ressources naturelles avec des contrats d’exploration et de production pétrolière et gazière, des projets miniers et des différends liés à la construction et à l’exploitation d’infrastructures énergétiques.

Le cabinet d’avocats Lazareff Le Bars a défendu l’État du Sénégal dans plusieurs dossiers d’arbitrage international notamment en représentant le gouvernement du Sénégal dans un litige contre un investisseur mauricien concernant une centrale électrique au charbon, dossier dans lequel la réclamation s’élevait à 1,2 milliard de dollars. On parle aussi du cabinet comme conseil pour le Sénégal dans un dossier d’arbitrage contre des intérêts canadiens et de Jersey liés au secteur minier.

Il se trouve aujourd’hui au centre d’une autre enquête du parquet financier et de la Centif dans l’affaire des paiements d’un montant total de 6,36 milliards de Fcfa reçus de l’Etat entre avril 2018 et le 2 avril 2024 au moment même où Diomaye était en train de prêter serment.

Par Hippolyte GOURMANTIER (Confidentiel Afrique

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