Landing Savané célébré le 17 mai 2025

« `LE SARGAL de LANDING SAVANE DU 17 MAI PROCHAIN
Landing est rentré au Sénégal après de brillantes études en France, en Statistique et Démographie. C’était après les événements de Mai 1968 qui avaient ébranlé le monde. Il est revenu avec des camarades avec qui il partageait le Groupe de Travail Marxiste – Léniniste, le GTML, parmi lesquels on peut citer Marie Angélique Savané, et Anta Diouf. Il y avait tant d’autres, tous désireux de rentrer pour faire triompher la Révolution. Sur place Landing et ses camarades ont trouvé tous ceux, élèves et étudiants qui avaient fait Mai 1968 au Sénégal, mobilisés dans les Comités de Défense des quartiers populaires, opposés aux autorités locales et étatiques qui organisaient des incendies criminels pour les faire déguerpir, qui faisaient payer des taxes directes aux familles et ménages pour le ramassage des ordures, pour la pose de bornes fontaines, et qui mobilisaient tapageusement pour l’UPS. C’était une jeunesse consciente, politiquement hostile à la présence militaire française au Sénégal, et ailleurs en Afrique, et à l’Assistance Technique française dans les écoles et à l’université. Tous étaient mobilisés autour de la lutte contre le néocolonialisme.
Landing est arrivé déjà tout auréolé en tant qu’un des dirigeants du mouvement Mai 68 en France. Il fera un petit bout de chemin avec nous dans le Parti Communiste Sénégalais PCS, ou du moins pour ce qui en restait, avec le FUR, le Front Uni Révolutionnaire, conçu comme plus vaste cadre d’organisation avec des militants nationalistes engagés, mais non communistes. Il y sera parmi les bailleurs de fonds, aux côtés de Serigne Cheikh Mbacké, Gaïdé Fatma, grand marabout, nationaliste – résistant ; petit – fils de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. La suite de l’histoire est connue, ce sera quelque temps après courant 69- 70 l’éclatement et la disparition du PCS, dénoncé de l’intérieur comme de l’extérieur pour le genre de vie de ses dirigeants totalement dégénérés, inopérants, et suivis par les agents du renseignement Général de l’Etat.
La rencontre Landing, ses camarades de retour et les soixante huitard locaux s’est faite au gré des circonstances, des mobilisations de quartier, des animations culturelles tournantes des clubs , des manifestations en soutien au peuple vietnamien en lutte, au peuple palestinien opposé au sionisme israélien , aux différents mouvements de Libération nationale en Afrique qui luttaient contre le colonialisme portugais, et à tout ce qui rassemblait comme les conférences publiques – confrontations avec le PS – UPS. Il en naquit le Mouvement de la Jeunesse Marxiste- Léniniste, le MJML. Il n’avait pas de chef, tout le monde et chacun était leader, et dirigeant. C’était à la fois sa force et sa faiblesse. Le mouvement était dirigé par un Comité de Liaison, CL où étaient représentés les Coordonnateurs de quartier. Là aussi la suite de l’histoire est connue, en 1971, ce fut l’éclatement du MJML dans la forêt de Malika après deux Conférences qui avaient réuni tous les militants et cadres dont les camarades de France venus en vacances. Seuls ceux de Saint Louis étaient absents de ces assises qui avaient des allures de sessions d’un Congrès. La séparation a été actée par le refus de voter l’un des deux programmes qui s’affrontaient : Enquêtes Recherches Organisation, ERO, de Fass Ngoumba, et celui de Fass Paillottes : Encerclement des villes à partir des campagnes, fortement inspiré et influencé par le Parti Communiste Sénégalais.
Landing, nous avons partagé le Comité de Liaison du MJML, nous nous retrouverons plus tard dans le Bureau Permanent de AND JËFF / MRDN, et dans son Conseil Général après quelques moments de collaboration avec REENI- REWMI. Nous sommes restés dans des relations d’amitié et de camaraderie, toujours chaleureuses, basées sur l’estime et le respect réciproques. Il a été mon premier contact en 2014 dans le projet Refondation de la Gauche qu’il a soutenu et encouragé. Il nous avait donné de sages conseils, et des contacts dans son entourage immédiat. Tel que je le connais pour son humilité, sa simplicité, sa modestie légendaire qu’accompagne son sourire d’enfant heureux, je pourrais dire sans trop risquer de me tromper que le camarade a dû en prendre un sacré coup lorsqu’ on lui a parlé de ce sargal. Il a même dû tenter de dissuader les camarades qui l’ont pensé car les mondanités, le folklore, les festivités et les hommages en général, la Gauche révolutionnaire à laquelle il appartient, qu’il a incarnée et symbolisée des décades durant ne connaît pas trop cette « chose- là ». Habituée à des structures clandestines, à la vie de « taupe », et à des conclaves, elle n’aime pas les festivités ni les mondanités, et rien de tout ce qui est glamour. Elle s’en méfie comme on le fait avec la peste, le choléra ou avec une quelconque autre maladie. Ces « choses-là » rompent avec la sobriété et la discrétion, ouvrent la porte à la corruption des mœurs, et conduit à la dégénérescence.
La simplicité, la modestie, l’humilité, sont par contre ces « choses -là » qui font l’ADN des militants révolutionnaires qui sont dans le devoir, et rien que dans le devoir, celui de servir sans glorification et sans rien en attendre comme gain personnel en retour. Cette morale et éthique du don de soi ont animé des générations et des générations de militants qui ont cru et servi les luttes révolutionnaires ici et ailleurs, dans les villes, comme dans les campagnes, sous tous les toits, et chaumières. Les uns et les autres ; femmes et hommes de différents milieux sociaux ont sacrifié une bonne partie de leur jeunesse, la famille, et bien des choses encore. Bon nombre sont devenus aujourd’hui de bien anonymes qui vivent souvent dans la précarité, mais bien sûr en gardant leur dignité et fierté. Sur la pointe des pieds, ils s’en iront les uns après les autres, humbles et sans crier gare.
Pour le principe, et le don de soi, le sargal, chez ces « gens-là » pourrait ne pas être révolutionnaire. D’autres pourraient ajouter que la Révolution n’étant pas encore survenue il ne faudrait surtout pas se prendre pour le nombril du monde ni pour des anciens combattants qui déposent les armes pour se retirer du champ de la confrontation politique, idéologique et sociale, pour enfin pouvoir plastronner comme des vétérans de guerre comblés par leurs succés et victoires.
Important de relever que la révolution n’est encore pas survenue dans ce pays, mais convenons quand même que ces « gens-là », militants et camarades, ont tous, et partout semé, et semé la bonne graine. Pour l’Histoire, et la Mémoire des temps présents et futurs dans ce monde si défiguré, si transfiguré, rendu ingrat et méconnaissable, où on ignorera de plus en plus qui est qui, il est encore de nos devoirs de célébrer la Révolution, de réaffirmer ses principes et ses fondamentaux, de mettre en lumière ses grands moments de luttes d’hier, et de conquêtes, de témoigner et de rendre hommage à tous ceux qui en ont été les inspirateurs et auteurs. Tous méritent respect et honneur dans des moments de recomposition de la famille, de remobilisation et de transmission des héritages. C’est le sens et la signification que personnellement je donne à ce sargal.
Du reste, des hommages sont dus à toutes les générations de militants et de camarades depuis 1914- 1918, les ante- soixante – huitards, mères et pères des luttes anti- coloniales, et contre le racisme anti Négre depuis les Lamine Arfang Senghor en passant par les Doudou Gueye, les Majmout Diop, Madické Wade, les Samba Ndiaye Bath sociologue, Ablaye Ly, et tant et tant d’autres. Ils ont enfanté et formé des générations de militants dont ceux de 1968 qui ont eux – mêmes produit ceux de 1988, de 2000, et des années suivantes.
Les ASC, les partis politiques, les organisations de la Société civile, les ONG, le mouvement social et culturel, les coopératives, et les mutuelles, le mouvement syndical ouvrier et paysan, le mouvement féministe, etc., toutes les composantes et entités qui se sont mobilisées dans les luttes et différentes conquêtes : liberté d’association, libertés politiques, liberté de Presse, Libération de la Femme, Parité, Autonomisation de la femme, lutte contre les violences faites aux femmes, etc, sont directement ou indirectement le fruit de leurs luttes et sacrifices.
La Gauche révolutionnaire, principale force politique de la première alternance en 2000, de la seconde qui a vu en 2012 un de ses fils putatifs arriver au pouvoir comme Président de la République en la personne de Macky Sall reconverti au Libéralisme avec un programme et des énoncés de Révolution sociale, et démocratique ; cette Gauche révolutionnaire dont la pensée sociale s’ est fortement imposée à toutes les autres dans la société sénégalaise en innervant toutes les couches de la population a apporté crédibilité, caution morale, soutien intellectuel, logistique, des militants compétents et aguerris, ses maigres ressources et moyens à toutes les alternances face à des hommes politiques milliardaires. Là est l’origine de la boutade de Landing sur les politiciens qui arrivent devant les masses populaires et les électeurs les mains remplies de billets de banque, qui raflent tout, et les « politiciens » qui arrivent, la tête pleine, les mains propres, mais vides. Sur près de cinquante ans de vie démocratique multi partisane de 1975 à 2024, dans les différentes élections municipales, régionales, législatives, présidentielles, les gains électoraux de cette Gauche sont demeurés faibles et très faibles au regard de ce qu’elle représente politiquement, au plan idéologique et de ses nombreuses conquêtes.
Faiseurs de roi, certains, dans les rangs de cette Gauche ont été associés de 2000 à 2024 à l’exercice du pouvoir : Premier ministre, ministres d’Etat, ministres, secrétaires d’Etat, ministres-conseillers, ambassadeurs, Hauts – représentants, etc. Cela continue encore aujourd’hui en 2025 mais la Gauche n’a jamais été aux commandes de ce pays. Ils ne sont satisfaits ni des uns, ni des autres ; de la première ni de la deuxième alternance, ils ne le seraient même pas pour la troisième qui vient de débuter ; très atypique avec ses équations qui demeurent sous Diomaye et Sonko.
Enoncé très tardif, hésitant et cacophonique du projet Sénégal Horizon 2050, Déclaration de Politique Générale tout aussi tardive et hésitante entraînant un blocage institutionnel et un retard injustifié du vote du budget national.
La tenue des Etats généraux des transports, des Etats Généraux de la Justice, la dénonciation bien argumentée, opportune, et le blocage de la boulimie foncière, la dénonciation des abattements fiscaux et de l’évasion fiscale, la reddition des comptes publics, l’exercice de transparence et le jeu de vérités sur les finances publiques auprès des Bailleurs, FMI – Banque Mondiale, « la mise aux normes de la Presse et des média », le lancement des coopératives de production agricoles, la baisse symbolique du coût de la vie , etc. ; des choses nouvelles sont certes là pour la rupture systémique et le désir de transformation sociale . Elles sont importantes et pertinentes ; il faut s’en réjouir, d’autres sont annoncées, mais les 81 morts des événements successifs de 2021 à 2023 ne reviendront jamais plus dans ce monde.
Le système est toujours là. Faiblesse du PNB, un taux de croissance essentiellement porté par le privé non national, banques, assurances, industries, agriculture. Balance commerciale déficitaire, Balance des paiements déficitaire, taux d’endettement très élevé, déficit croissant du Budget, financement extérieur de l’économie tributaire des milieux financiers internationaux . Tous les mécanismes d’une économie excentrée et dépendante sont encore là ceci depuis la nuit des temps, avec un secteur national où prédomine l’informel avec toutes ses tares et faiblesses. Ce système ne disparaîtra pas par des incantations, par un coup de baguette magique, ni par de simples constats et dénonciations. Là est la question de fond qu’il nous faut tous ensemble régler pour asseoir une économie nationale auto centrée, assurer notre souveraineté économique et la souveraineté politique qui en dépend.
Ce système- là, qui est à construire, à mettre en place, à défendre et à promouvoir se fera sur la longue durée, de générations et générations avec toutes les têtes, et avec tous les bras de ce pays, dans la paix, dans la solidarité, et en coopération avec tous les peuples du monde, et institutions d’appui.
Les relations sont gelées avec le FMI et la Banque Mondiale ou du moins elles sont dans le stand – by et l’impasse. Les agences de notation Moody’s, Standard and Poor’s suspecteront davantage notre bonne volonté, notre franchise, et nos capacités réelles de remboursement d’une Dette – fardeau déjà largement payée, mais qui pèsera toujours, et encore sur nos épaules à cause de ses taux d’intérêts élevés et du service de la Dette.
L’épargne nationale est à mobiliser, et à consolider ; les citoyens sénégalais devraient être leurs propres bailleurs. Il faut définir et mettre en œuvre un système d’imposition juste et équitable qui n’ épargne aucun secteur de la vie ni aucun citoyen . L’économie sociale et solidaire qui est la marque de fabrique des programmes de Gauche doit au mieux être mise à contribution. Les financements sont disponibles ailleurs sur les marchés financiers à l’échelle continentale, et régionale africaine. Nul besoin d’aller jouer aux bons élèves devant les bailleurs de fonds qui n’ignorent rien de ce que vous faîtes. Nul besoin d’en faire les arbitres de vos querelles internes politiciennes. Dans tous les cas, il y a un modèle et un système à préciser : sera – t-il capitaliste et libéral, socialiste de marché, autarcique, autogestionnaire, ou autre ? Il faudrait pour une bonne gouverne en préciser les contours politiques et idéologiques pour le construire en s’appuyant sur les couches et classes sociales qui doivent le porter
Affirmation du désir et de la volonté de souveraineté, oui, ceci dans tous les domaines, mais la souveraineté étant la chose la mieux partagée entre les Etats et nations de la terre toute entière on peut valablement se demander ce qu’elle signifie vraiment dans ce monde globalisé, des fragilités nationales, et des interdépendances ?
Il ne s’agit pas de vouloir ni de simplement proclamer sa souveraineté et d’aller à l’aventure. La souveraineté est déjà là, politique lorsqu’ on n’est pas ou lorsque l’on est plus sous le joug colonial. Elle est à assumer dans tous les domaines, à construire, à sauvegarder, à défendre, et à élargir sans cesse, mais dans un cadre de solidarité et de coopération internationale qui éloigne de tout nationalisme grégaire, de tout chauvinisme, et de tout repli sur soi. Nationalisme étroit et exacerbé, le monde en a déjà fait la douloureuse expérience avec les deux guerres mondiales.
Sortie de la zone Franc, battre monnaie, Zone de Libre Echange continentale africaine ZLECA, Zone monétaire Ouest africaine, l’Eco, sont aussi de ces questions importantes et d’enjeux qui ne se régleront pas par des déclarations intempestives ni tous azimuts dans les médias sociaux. Elles sont essentiellement et fondamentalement à l’échelle communautaire
Le Sénégal a toujours eu un grand rayonnement politique et diplomatique malgré tout ce qu’il y avait comme répression et retards d’un pays sous joug néo colonial. Il avait eu à jouer un rôle moteur et de premier plan dans l’Organisation de l’Unité Africaine, OUA, où il était pivot et plaque tournante de la diplomatie de l’ intégration par centres concentriques, intégrateurs : OERS, OMVS, OMVG, ensuite dans l’Union Africaine UA, où son Président a porté des projets fédérateurs aussi importants que la création d’ un Etat fédéral africain, la Charte des Droits des Peuples, le Mécanisme Africain d’Evaluation des Pairs, le MAEP, le plan OMEGA, la Grande Muraille verte , et dans toutes les institutions communautaires CEDEAO, UEMOA.
Nos différents Présidents de 1960 à 2024 avaient tous une grande stature d’hommes d’Etat, et un leadership affirmé qui faisaient qu’ils étaient attendus et écoutés par leurs pairs sur toutes les questions. Les enjeux diplomatiques se sont du reste élargis en enjeux économiques, commerciaux et culturels incontestables avec la Chine, la Turquie, la Russie, le monde arabe proche et moyen oriental. Les acquis sont nombreux qui confortent sa souveraineté et son indépendance. Il ne s’agit pas de changer de cap diplomatique ni de démarche ; celle du Sénégal a été d’avoir des relations de paix, d’échanges et de dialogue, bilatéral, ou multilatéral, avec des commissions mixtes etc., soutien aux mouvements de Libération Nationale, soutien de la cause palestinienne, non alignement, ouverture sur le monde.
Avec la France il y a un important paquet de relations de toutes sortes qui se sont mises en place à travers une histoire de quatre siècles qu’il faut revisiter et inventorier : Travail d’Histoire et Travail de Mémoire, important et fondamental pour le vécu de ces deux pays et de leurs peuples. Important de souligner à ce sujet que la Casamance n’a jamais appartenu à la France. Cette région sud du Sénégal, par un arrangement entre les puissances coloniales réunies à Berlin, notamment entre la France et le Portugal devait être conquise et pacifiée. Jusqu’ en 1945, et au-delà, les opérations de conquêtes y avaient cours jusqu’ à Efok, mais la verte Casamance n’a jamais été conquise ni pacifiée. Le droit de glaive n’y a jamais triomphé sur les droits de hache ou de défrichage. La Casamance n’était incluse ni dans les accords de Paris de 1763 qui permettaient le maintien de la France à Gorée, ni dans les Accords de Versailles de 1783, entre Français et Anglais qui mettaient un terme quasi définitivement à la Guerre de Sept ans, et qui permettait un retour sur Saint Louis, perdue en 1756, Gorée, où elle se maintenait tant bien que mal, et sur Bissau, où la France avait une case, qu’ elle avait perdu en fait depuis 1734 par suite de l’ insécurité qui a entrainé un redimensionnement de la Concession du Sénégal, qui s’ étendait théoriquement de Saint Louis jusqu’ en Sierre Léone, et en un moment même jusqu’ au Cap de Bonne Espérance . Albréda , Bissau, et dans les mers d Sud , les positions françaises étaient très précaires et toujours menacées par d’ une part les Portugais et d’ autre part, par les Anglais et les Hollandais, puissants dans le Golf de Guinée .
Le Waalo conquis, en 1855 , avant Berlin, pillé, brûlé, dévasté en dix jours de campagne de Faidherbe avec ses effets collatéraux sur Nguick et Niomré, ses fils condamnés à mort et fusillés sur place, et d’autres exilés en Assinie, et au Gabon ; c’était après 1830, le sac, le pillage, et les massacres de la population d’Alger qui a suivi. On n’a jamais parlé de ces affaires. Sidiya Ndatté Yalla a été tué mais déclaré suicidé. Son corps est encore à Ningué Ningué au Gabon , celui d’Alboury Ndiaye est à Dosso au Niger, et celui Alin Sitoé Diatta à Bamako, au Mali . Le massacre de Thiaroye en Décembre 44 longtemps nié maintenant reconnu est une question pendante qu’il faut solder avec son passif et son actif. Les contentieux sont nombreux et lourds. Il y a tant et tant d’autres questions qui ne se régleront pas par des invectives, ni par des intrusions dans les affaires politiques des partis en France, mais par une prise en main politique et diplomatique avec les hommes, les instruments, et un agenda.
Nul besoin de s’installer dans une tension politique et diplomatique inutile avec la France, ni du reste avec un quelconque autre pays.
Une certaine ignorance et la mauvaise perception des enjeux géopolitiques, géostratégiques, géo sécuritaires, et les impairs diplomatiques qui les ont accompagnées sur près d’une année ne s’expliquent pas : absence du chef de l’Etat au sommet de l’OIF, commémoration très mitigée des 80 ans du massacre de Thiaroye 44 qui aurait dû être un événement majeur de dimension internationale, des couacs , et un refroidissement des relations avec le Maroc qui sont pluri séculaires , des camouflés politiques et diplomatiques au Mali, au Rwanda, dans la médiation avec les pays de l’AES ; des clins d’ œil inopportuns avec la Russie, dont il ne faudrait surtout pas se méprendre en ce qu’ elle pourrait faire dans notre système de sécurité, qui a ses traditions et arcanes fondamentalement françaises , avec ses forces et ses faiblesses , mais avec des acquis qui sont irréversibles.
Le pays regorge de fins diplomates, de techniciens de carrière et d’hommes politiques suffisamment « robustes et vigoureux » ; des patriotes conscients et parfaitement capables d’éclairer et de conduire les choses sur l’international pour maintenir le rang du Sénégal, celui qu’il a toujours eu dans le concert des Nations. La perte de position et un isolement diplomatique sont remplis de dangers et de conséquences incalculables
La tension politique est grande dans le pays, les arrestations intempestives d’hommes politiques, de journalistes, la pression fiscale sur les entreprises de Presse, les velléités et tentatives d’étouffement, de musellement, et le discrédit de certains organes et entreprises de Presse ; tout cela est mal perçu de l’intérieur et de l’extérieur. En plus de ‘image de marque du Sénégal qui s’en trouve ternie, c’est le système politique et démocratique qui se grippe et qui s’enraie.
La reddition des comptes qui aurait dû se faire sans bruit pour plus d’efficacité, que tout le monde doit voir et considérer comme une opération de salut public a mis tout le monde en émoi et sur le qui-vive car elle a pris le chemin de règlements de comptes politiques tapageurs.
Nul n’ignore d’où vient le pays, nul n’ignore ce qui fait la quintessence du Sénégal et des Sénégalais : le Dialogue, le Dialogue, et encore le Dialogue, le Pardon, la dérision, le « masla », et le dépassement ; le « fulla », et le « faïda » dans la conduite des choses et la résolution des problèmes.
L’Ecole souffre. Des lois d’orientation tardives, incomplètes, qui se sont succédées depuis 1966 qui toutes sont tombées dans l’obsolescence, des Lettres de politique sectorielle qui se sont suivies avec certes leurs acquis indéniables, des programmes à long terme : PDEF, PAQET, aussi avec leurs acquis, scolarisation universelle, des progrès dans la scolarisation des filles, élévation du TBS, Taux d’achèvement, corrigé, définition d’un Curriculum de base, des Concertations, et Assises sur l’Université etc., mais l’Ecole sénégalaise n’est toujours pas encore sortie de l’ornière, de ses archaïsmes ni retards en dépit d’une certaine accalmie depuis Mars 2024, observable après plusieurs décennies ponctuées de Journées d’ actions, de débrayages, de grèves, accompagnées du mot d’ordre récent : « Ecole morte ». Il faut s’appuyer sur l’école et sur ses différentes composantes pour bâtir une société sénégalise nouvelle.
La refondation annoncée et attendue est devenue un jeu très superficiel de changements de nom de services au ministère, et de récupération ou re- baptême de programmes initialement en cours dans le cadre du PAQET, ou d’autres programmes.
La Refondation posée politiquement comme une revendication fondamentale depuis les Etats Généraux de 1979, conduite dans la Commission Nationale de Réforme de l’Ecole et de la Formation, CNREF, durant trois bonnes années n’est même pas encore redéfinie ni mise à jour dans ses finalités, ses objectifs, ni bien cernée dans ses paradigmes et contours pour pouvoir être conduite avec bonheur. On fait encore du sur- place là où il n’y a que des urgences depuis 1960.
Les conditions de vie des masses des villes et des campagnes ne sont guère améliorées. Les pertes d’emplois se chiffrent par milliers. Inconscience ou compromission de certains, et grande méprise des pouvoirs publics de la réalité et des limites du syndicalisme dortoir. Le Pacte de stabilité sociale prôné, annoncé et signé réservera bien des surprises.
Faire la paix en politiciens et entre des politiciens toujours en conflits parce qu’en rude compétition, est une gageure ; du leurre, et un marché de dupes pour tenter de gagner du temps. Il faut par contre réconcilier la Nation avec elle – même, donner de l’espoir et du réenchantèlent à la jeunesse pour qu’elle prenne en mains son destin de manière solidaire et sortir du sauve – qui peut général, de l’égoïsme, et de l’individualisme ; qu’elle se mobilise pour bâtir et rebâtir ce pays. Ce ne sera pas par la profusion de discours de haine, d’injures, d’anathèmes jetés sur les autres, ni d’accusations politiciennes.
Il faut savoir faire la paix partout dans le pays, et avec tout le monde pour être en paix soi- même et pour pouvoir gouverner sereinement et avec succés.
Landing, je ne te demanderai pas où est Marie Ange, je ne te demanderai pas où est Michou, où est Kéba, ni où sont les neveux et nièces, Hélène, et les autres que nous connaissons bien. Je ne te demanderai pas non plus où est Aminata Touré MIMI, ni où est Awa Diop Fall, Je te demanderai par contre où est Marième Sy, où est « mère » Aminata Goudiaby, ou est Léna – Jo Diop, où est Marième Dème, et où sont toutes ces égéries : Maria Fernandes Lopez, Safiétou Diop, qui ont fait le mouvement social féminin YEWWU- YEWWI, et le COSEF.
Je te demanderai des nouvelles de Alioune Séne, conducteur de train, dont nous étions si fiers, Alioune Cissé ZEF, de Richard Toll, tous les camarades du mouvement ouvrier ou paysan, et du Front culturel qui tenaient haut le flambeau. Où sont – ils ? Que seraient – ils devenus ?
Mamadou Diop Decroix, militant de la Gauche révolutionnaire depuis toujours, personnage symbolique de cette Gauche révolutionnaire, membre fondateur et Secrétaire Général de AND JËFF : MRDN puis PADS, qui a toujours été à tes côtés sans jamais penser un seul instant te bousculer, qui t’a toujours secondé et considéré comme un grand frère, où est – il ? Sera-t-il du sargal ?
Alassane Guissé, Madièye Mbodj, Awa Dia Thiam ; dissidents sur la route du YOONU ASKAN WI, étaient tous de ta famille ; de notre famille.
La famille a été large, très large, vivante, mobilisée, dynamique, combattive et prometteuse quant à l’avenir de ce pays.
Nos pères Abdoulaye Ly et Ablaye Gueye Cabri, le doyen Ablaye Bakhoum de la Casamance, nos camarades et frères, Mame Ibra Fall, Babacar Fall Barros, Hamédine Racine Guissé, Malick Ndiaye, MILK, sociologue, Moussa Daff, ne sont plus de ce monde. Beaucoup de camarade nous ont quittés. Paix à leur âme.
Bon anniversaire grand – frère pour tes 80 ans. Il faut que la fête soit belle mais nous avons encore à recomposer cette grande famille.
Quel que soit notre âge, et quelles que soient et seront nos postures dans ou en dehors du pouvoir, les tâches militantes resteront encore et toujours à accomplir dans tous les domaines dans ce pays.
Longue vie à toi et bonne santé Camarade.
Mansour Aw
Vendredi 08 Mai 2025« `